Les dangers du "groupthink" et comment l’éviter (non le groupe n’a pas toujours raison).
Dec 13
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Margaux-Ilona Letouche
Dans une équipe soudée et motivée, la tentation de chercher un consensus rapide peut être forte. Si cette harmonie apparente semble idéale, elle peut donner naissance à un phénomène insidieux : le groupthink. Ce biais cognitif collectif pousse les membres d’un groupe à privilégier l’unanimité plutôt que la réflexion critique, au détriment de la qualité des décisions.
Comprendre les mécanismes du groupthink et adopter des stratégies pour le prévenir est essentiel pour encourager des prises de décisions éclairées et innovantes.
Qu’est-ce que le groupthink ?
Le groupthink, ou pensée de groupe, est un concept popularisé par le psychologue Irving Janis en 1972. Il décrit une dynamique où les membres d’un groupe cherchent à éviter les conflits internes en s’alignant sur une opinion dominante, même si celle-ci est erronée.
Symptômes typiques :
- Illusion d’invulnérabilité : Le groupe pense qu’il ne peut pas se tromper.
- Pression à la conformité : Les membres hésitent à exprimer des opinions divergentes par crainte de perturber l’harmonie.
- Rationalisation collective : Les objections externes sont ignorées ou minimisées.
- Vision stéréotypée des opposants : Les idées alternatives sont vues comme une menace ou un manque de loyauté.
Conséquences :
- Mauvaises décisions basées sur des informations incomplètes ou biaisées.
- Frein à l’innovation, car les idées nouvelles ou disruptives sont rejetées.
- Risque d’échec accru dans des projets complexes ou stratégiques.
1. Pourquoi le groupthink se produit
La recherche de l’harmonie
Les équipes bien intentionnées privilégient souvent le consensus pour éviter les conflits. Cela peut conduire à ignorer des points de vue critiques.
Le poids de l’autorité
La domination d’une voix forte ou d’un leader charismatique peut étouffer la diversité des opinions.
L’effet de bulle
Les groupes isolés, avec peu d’exposition à des perspectives externes, renforcent leur propre vision sans la confronter à des points de vue différents.
2. Comment éviter le groupthink
3. Les bénéfices d’éviter le groupthink
Favoriser une culture de la critique constructive
Exemple :
Créez un environnement où les désaccords sont perçus comme une richesse et non comme une menace.
- Encouragez la dissidence respectueuse : Valorisez les membres qui expriment des opinions divergentes.
- Établissez des règles de débat : Instituez des discussions structurées pour que chaque voix soit entendue.
Exemple :
Lors d’une réunion, demandez systématiquement : « Quels sont les risques ou les inconvénients que nous pourrions ignorer ? »
Introduire des perspectives externes
Introduire des perspectives externes
Des avis extérieurs peuvent briser l’effet de bulle et enrichir la réflexion.
- Invitez des experts ou des parties prenantes externes à participer aux discussions importantes.
- Sondez l’opinion des personnes en dehors du groupe pour avoir une vue d’ensemble.
Exemple :
Avant de finaliser un projet, sollicitez les retours d’autres départements ou partenaires externes pour identifier les angles morts.
Assurer un leadership inclusif
Les leaders doivent guider sans imposer, et favoriser un climat de confiance où chacun peut s’exprimer librement.
- Demandez activement des avis contraires : Un bon leader pose des questions comme : « Et si nous avions tort ? »
- Mettez en avant la neutralité : Ne partagez pas immédiatement votre opinion en tant que leader, pour éviter de biaiser les discussions.
Exemple :
Un manager peut jouer le rôle d’avocat du diable en remettant en question les idées proposées, même s’il y adhère.
Favoriser la diversité au sein des équipes
Les groupes homogènes sont plus vulnérables au groupthink. La diversité des points de vue, des expériences et des profils limite ce risque.
- Diversifiez les participants aux discussions : Impliquez des personnes aux compétences, expériences ou perspectives variées.
- Adoptez des outils collaboratifs : Les brainstormings anonymes peuvent réduire les pressions sociales et encourager la diversité des idées.
Exemple :
Lors d’une prise de décision, proposez un vote ou une contribution anonyme pour recueillir des idées sans influence hiérarchique.
Introduire des mécanismes de réflexion indépendante
Donnez à chacun le temps et l’espace de réfléchir avant une discussion collective.
- Encouragez la préparation individuelle : Partagez les documents ou questions clés avant les réunions.
- Décomposez les décisions en étapes : Prenez le temps d’évaluer chaque option en dehors de la pression du groupe.
Exemple :
Avant une réunion stratégique, demandez à chaque membre de formuler ses idées par écrit. Cela évite que les premières opinions exprimées ne dominent la discussion.
En contrant la pensée de groupe, vous créez des équipes capables de :
- Prendre des décisions plus éclairées grâce à une réflexion critique.
- Innover davantage en encourageant les idées nouvelles.
- Mieux gérer les risques, en intégrant des perspectives variées et en anticipant les objections potentielles.
- Renforcer la confiance entre les membres, car chacun se sent écouté et valorisé.
En conclusion
Le groupthink est un piège insidieux qui peut mettre en péril la qualité des décisions et la créativité des équipes. Mais avec des stratégies simples, comme encourager la diversité des opinions, structurer les discussions et promouvoir un leadership inclusif, il est possible de cultiver une culture de réflexion critique et d’innovation.